30 novembre 2023 : Déclaration de la FNEC FP FO Manche à la FORMATION SPECIALISEE F3SCT 50 (ex-CHSCT)

Déclaration à la Formation spécialisée en santé sécurité et conditions de travail de la Manche du 30 novembre 2023

Trois ans après le meurtre de Samuel Paty, notre collègue Dominique Bernard a été assassiné durant son service. Deux autres personnels ont également été blessés. La FNEC FP-FO adresse ses sincères condoléances et tout son soutien aux familles, aux proches, aux personnels et aux élèves de l’établissement dont elle partage l’effroi. Comment se fait-il que l’on puisse entrer dans un établissement armé ? L’Ecole publique doit être une enceinte protégée. Pour cela, il faut les postes statutaires nécessaires et arrêter d’en supprimer. Le Statut général des fonctionnaires est le garant de leur indépendance. La protection des personnels commence par la protection de leur statut et le renforcement de leurs droits.

Comment se fait-il que l’ancien Ministre Jean-Michel Blanquer, se soit opposé pendant huit mois après l’assassinat de Samuel Paty à ce que le Comité Hygiène, Sécurité et Conditions de travail (CHSCT) se réunisse dans l’Académie de Versailles pour mener l’enquête prévue dans les prérogatives de cette instance ? La FNEC FP FO demande à ce que la protection fonctionnelle, institué par la loi Anicet Le Pors en 1983, soit accordée dans toutes les académies et que l’information pour l’obtenir, comme la circulaire du 2 novembre 2020, soit facilitée .

Les programmes imposés, dispositifs et protocoles verticaux, remises en cause multiples de la liberté pédagogique, injonctions toujours aussi plaquées au regard de la réalité du métier ne cessent de nous interpeller.          Pacte, pHARe, formation hors temps de travail élèves, Adage, Fait d’établissement, PPMS, LPI, suppression de la technologie en 6e, plans fr/maths, évaluation d’école, accomapgnement, évaluations nationales… Nous ne pouvons pas tout évoquer…

On retire la possibilité aux directrices et directeurs d’école de déduire les réunions de directeurs des animations pédagogiques : il faudrait donc qu’ils libèrent du temps au détriment de leur participation aux concertations (Conseil des maîtres, de cycle ou d’école) mais, comme ces temps de travail sont essentiels, on les contraint indirectement à effectuer les réunions de directeurs sur leur temps personnel. 

Même logique avec les RIS (réunions d’information syndicale) pour 40% des enseignants concernés chaque année par un plan fr ou maths.

Même problème par exemple pour deux CPE animateurs de bassin qui viennent de démissionner : ils ne cautionnent pas de devoir assurer désormais les réunions sur leur temps personnel du mercredi après-midi et en visioconférence avec leur matériel informatique alors qu’ils ne touchent même pas de prime informatique.

On exige de plus en plus que deux enseignants, un de maternelle, un d’élémentaire, représente chaque école aux réunions du Conseil écoles-collège, alors que dans bien des cas, ces réunions visent à élaborer des projets dont toutes les écoles du secteur ne bénéficient pas (pour certains collèges, en bénéficient les écoles situées sur la même commune que le collège). De même, les réunions de canton avec la CMB sont présentées comme indispensables. Nous rappellerons que la présence d’un enseignant au CEC ne fait pas partie des ORS des professeurs des écoles, que seule la représentation de l’école doit être assurée et nous réaffirmons qu’elle peut être représentée par un représentant de l’Inspection en l’absence de PE volontaire.

Dans le cadre du plafonnement des CP à 24, il est maintenant demandé aux enseignants de CP de partager leur pratique pédagogique sur la lecture à toute l’équipe, on les incite à animer une réunion ou à expliquer par écrit leurs démarches. Sur quel temps peuvent ils s’improviser formateurs ?

Parmi les 20% d’écoles qui ont été concernées par l’évaluation d’école l’année dernière, certaines se retrouvent encore dans ce processus chronophage et intrusif cette année, avec des évaluateurs externes qui se déplacent seulement maintenant, en cette fin novembre, auprès de collègues qui n’étaient pas, pour certains, dans l’école l’année dernière : l’évaluation d’école, en plus de manquer de cadre réglementaire, n’a-t elle pas de limites ? Nous réaffirmons notre exigence d’abandon des évaluations d’école et rappelons aux personnels qu’elle n’est inscrite dans aucun texte réglementaire, qu’elle n’est pas dans nos obligations de service.

Des collègues, pour certains pas encore sortis de l’évaluation d’école de l’année dernière, se voient en même temps imposer un plan français ou mathématiques qui dépasse les ORS, alors que tous réclament une formation continue choisie, adaptée à leurs besoins.
 

Si on doit prendre acte que la lutte contre le harcèlement est une attente forte dans notre société, nous demandons l’abandon de pHARe, programme très lourd, chronophage, intrusif, qui déstabilise les conditions de travail des enseignants et les expose en les rendant responsables de n’avoir su prévenir des faits de harcèlement. D’une telle reforme, quelle analyse des risques les autorités académiques ou ministerielles ont-elles faite ?

D’après les personnels eux mêmes, les difficultés dans l’Education nationale sont trop facilement minorées par la hiérarchie même dans les instances de représentation des personnels. Il faut faire et montrer qu’on fait toujours plus, toujours mieux, non seulement avec des publics qui ont beaucoup changé de l’aveu même de nombreux inspecteurs, et dont témoignent les signalements Rsst, dont nous rappelons qu’ils ne représentent qu’une partie des faits, et dont témoignent aussi les démissions… mais faire toujours plus et mieux aussi avec l’accroissement des contraintes budgétaires et des suppressions de postes, avec les injonctions et avec la multiplication des « éducations à »… Et sans reconnaître l’épuisement des personnels, ni corriger le salaire de plus en plus indigent qui est concédé pour leur investissement. Alors même que deux ans de travail supplémentaires viennent d’être imposés aux travailleurs, notre ministère attaque notre statut de fonctionnaire en plaquant le Pacte enseignant comme seule solution pour augmenter les rémunérations. Travailler plus pour, avec l’inflation, perdre moins ? Nous n’en voulons pas.

Près de 20 ans après l’adoption de la loi Monchamp sur l’égalité des chances et les personnes en situation de handicap, la situation de précarité des AESH est perçue comme une honte pour beaucoup de professionnels de l’Education nationale. Près de vingt ans après, les conditions de travail se durcissent pour tous les personnels en raison d’un manque de places dans les structures spécialisées, du manque de postes en Rased, du manque d’AESH…

L’inclusion systématique et les plans autisme, depuis des années, mettent à mal les moyens et les conditions de travail. L’inclusion systématique ne fonctionne pas, avec des moyens au rabais, avec la mise en place de la mutualisation par les PIAL et la suppression des places en structures spécialisées. 

La Fnec FP FO dénonce l’adoption à coup de 49-3 dans le prochain budget de l’ « Acte II de l’école inclusive », revendique son abandon et dénonce ses dispositions au premier rang desquelles :

-le PAS (Pôle d’appui à la scolarité), 

– la possibilité donnée à l’Education nationale de définir le nombre d’heures d’accompagnement individualisé, 

– et la possibilité d’externaliser l’emploi d’AESH par le biais d’associations.
 

C’est pourquoi, notre fédération appelle l’ensemble des personnels enseignants, administratifs, Aesh du département à se mobiliser massivement contre l’Acte II de l’école inclusive en grève et en actions à Paris le 25 janvier prochain.